Kelig Le Bars - éclairagiste
A ProPos
La lumière : relation, révélation et temporalité
La lumière au théâtre ne devrait pas se voir.
Elle se doit d'être évidente. Tellement évidente qu'elle tendrait presque à disparaitre. Pour n'être plus qu'une sensation, qu'une présence qui encourage le regard du spectateur à mieux entendre.
Donner à voir pour mieux recevoir.
Invisible, elle s'abrite dans le geste de la mise en scène, dans les mouvements de l'espace et dans l'intention de l'acteur.
Et lorsqu'elle se force à apparaitre c'est alors uniquement parce qu'elle tient elle aussi à faire sens, à donner matière à penser.
Elle est un outil qui n'existe et ne s'invente que par la relation. Elle n'opère jamais seule. Elle est le fruit d'un long processus de recherche mené conjointement avec tous les acteurs de l'ouvrage. De l'inspiration du metteur en scène, au grain de la peau de l'actrice, en passant par les contraintes techniques du plateau et des impératifs du lieu ou du décor.
Et elle ne se satisfait pas seuleument des impératifs architecturaux. Elle fuit, elle bave, elle inspecte. Et ses escapades ouvrent d'autres espaces non contenus, d'autres chants où ses reflets s'appuient sur les murs, les dégagements, les horizons, et les cieux aussi dont, par esprit de vengeance, elle s'accommode.
Et parce qu'elle n'éloigne jamais sa conscience de son évidente filiation avec la nuit, la lumière au théâtre se dilate, se répand, s'interrompt puis disparait.
Elle fragmente le temps, le façonne et le révèle. Elle a l'audace d'en découdre avec le sablier et s'imagine éphéméride traquant les minutes et orchestrant leurs oscillations. Elle temporise. Et par là se propose d'incarner une nouvelle réalité aux accents tangibles.
Née en 1977, et originaire de Nantes, c'est d'abord par un rapide passage par la scène rock que Kélig Le Bars découvre la création lumière pour le spectacle. Elle intègre l'école du Théâtre National de Strasbourg en 1998 où elle suit notamment les enseignements de Jean-Louis Hourdin, Yannis Kokkos, Laurent Gutman, Stephane Braunschweig,....
Depuis sa sortie de l'école en 2001, elle crée les lumières pour les spectacles de Eric Vigner, Sylviane Fortuny, Christophe Honoré, Christophe Rauck, Gui-Pierre Couleau, Giorgio Barberio Corsetti, Jacques Bonaffé... Grâce au Jeune Théâtre National elle rencontre plusieurs metteurs en scène de sa génération dont elle signe plusieurs créations et qu'elle accompagne depuis fidèlement. Depuis, elle a donc travailler pour Olivier Balazuc, François Orsoni, Julia Vidit, Vincent Macaigne, Alice Laloy, Julien Fiséra, Chloé Dabert, Marc Lainé, Le Groupe Incognito, Julie Bérès, Guillaume Vincent, Lucie Berelowitsch, Hedi Tillette de Clermont-Tonnerre, Lazare, Tiphaine Raffier, Matthieu Cruciani...
Travaillant souvent à partir de la structure même des lieux qui accueillent les spectacles, elle dessine des espaces singuliers pour des lieux aussi illustres que le Théâtre des Bouffes du Nord, le Théâtre National de Chaillot, Le cloitre des Carmes, Le cloitre des Célestins et la cour du Lycée Mistral pour le Festival d'Avignon.
A L'Opéra, elle met en lumière l'Italienne à Alger de Rossini pour l'Opéra de Montpellier (m.e.s. E. Cordoliani), Elle crée pour Eric Vigner les lumières de l' Orlando de Haendel pour l'Opéra Royal de Versailles. Et pour Guillaume Vincent qu'elle éclaire en 2016 Curlew River de B.Britten et Le Timbre D'argent de Camille Saint-Saens à L'Opéra Comique en 2017. Elle travaillera cette saison aux cotés de Matthieu Cruciani pour "le Journal d'Hélène Berr" monodrame de B.Foccroulle pour l'Opéra National du Rhin.
Cette année on pourra voir son travail notamment dans "Avant la terreur" de Vincent Macaigne, "La Réponse des Hommes" et "Némésis" de Tiphaine Raffier, " je vis dans une maison qui n'existe pas" de Laurène Marx, "Un soir de gala" de Vincent Dedienne, "La Tendresse" de Julie Bérès, et au Festival d'Avignon In avec Noé Soulier pour sa nouvelle chorégraphie "Close Up".
Kelig le Bars est Chargée de cours à l'Institut d'Etudes Théâtrales, Censier/ Sorbonne nouvelle depuis la rentrée 2018.
Lien vers un entretien réalisé par Benjamin Nesme pour la revue Actualités de la Scénographie n°233 octobre 2020: